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jeudi 19 juillet 2012

Un an…

Wikitrekk fête ses jours-ci son premier anniversaire. Mon premier billet a été publié le 10 juillet 2011. Il présentait mes motivations assez franchement :
Pourquoi est-ce que je m'amuse à lancer un blog à propos de Wikipédia ? Je n'en sais strictement rien […] Très insidieusement, l'encyclopédie en ligne m'a amené à m'impliquer sans cesse plus avant […] Ça y est. C'est foutu. Je ne pourrais plus imaginer un monde sans Wikipédia. Il ne me reste plus qu'à rendre compte du monde avec Wikipédia. Cet avec sera l'objet de ce blog. 
Ainsi, je n’aurais pas pas choisi Wikitrekk. J'aurais simplement franchi une nouvelle étape d’un processus d’implication toujours croissant. En démontre d’ailleurs le fait que, lorsque le besoin s’est fait sentir, Wikitrekk a fait des petits : Hotel Wikipedia, dans une optique plus généraliste et Internationalwikitrekk, dans une optique plus internationalisée…

 Il est toujours difficile d’évaluer ses propres créations. Wikitrekk est-il bon ou médiocre, nécessaire ou subsidiaire, je dois dire que je n’en sais rien. Par contre, il m’est possible de juger son adéquation à sa conception originelle. Wikitrekk a-t-il accompli toutes ses promesses ?

Je m’étais fixé initialement deux missions distinctes.

La première a été assez rapidement délaissée. Il s’agissait de produire une sorte des « analyses créatrices » de divers articles de Wikipédia. Je m’efforçais de réaliser un Wikigrill alternatif, qui ne viserait pas à démonter un article, mais à le corriger. A ce jour, l’exercice n’a été pleinement réalisé qu’une seule fois, à propos de la Politique étrangère du Vatican. J’y reviendrai peut-être (pour ceux qui aiment le pointu grave, je songe à faire quelque chose sur les amphibiens et les proto-reptiles du carbonifère supérieur…).

Ma seconde mission s’est avérée plus heureuse : suivre, publiciser et, éventuellement, provoquer les débats sur le fonctionnement de l’encyclopédie. Ce faisant, je me suis un peu comporté en reporter wikipédien, se transportant éventuellement sur des terrains étrangers (surtout en pays germanophone ou italophone). Je me suis ainsi retrouvé face à un lectorat d’une diversité insoupçonnée : des allemands, des italiens, mais aussi des chinois, des finlandais, des brésiliens…

Cartographie du lectorat de Wikitrekk
Dans ce cadre, Wikitrekk reflète pour partie les préoccupations d’une année wikipédienne, d’ailleurs plutôt chargée. Que ce soit à l’intérieur ou en périphérie de l’encyclopédie, les sujets d’accords et de désaccords n’ont pas manqué.

C’est que Wikipédia tend à devenir un sujet de société au sens large. Ce statut lui donne des responsabilité nouvelles : l’encyclopédie en vient presque à assurer un service public de la connaissance avec toutes les conséquences que cela suppose en terme d’accessibilité et d’accueil des nouveau. Cela lui confère également un pouvoir, comme le démontre l’efficacité (mais aussi, peut-être, la nocivité) des blackouts de protestations — le dernier en date est d’ailleurs tout récent.

Ceci m’amène à proposer une sélection de douze billet, comme les douze mois de l’année — à ceci près que l’appariement d’un mois et d’un billet n’est pas véritablement respecté. Pour diverses raisons, novembre, avril et mai sont absents du lots, ce qui profite in fine à août, janvier et juin.

Juillet : Easy come, uneasy go. Le Billet qui m’a lancé, en partie grâce à une recension du Choix du Chaos. Le hasard voulait que je commence mon blog, au moment où Alithia fermait le sien. L’analyse se doublait ici d’une sorte de correspondance symbolique.

Août (1) : Par voie référendaire. La Wikimedia Foundation organisait une vaste consultation autour de l’implantation prochaine d’un filtre d’image, soit d’une fonctionnalité permettant de masquer les images jugées choquantes par un utilisateur. Le point qui me dérageait le plus ici était d’ordre procédural : le référendum ne mettait jamais en question l’Image Filter dans son principe-même, mais discutait uniquement de ses modalités. Suivant l’exemple de nos cousins germains, j’ai fini par lancer un sondage local sur la wikipédia francophone. On a peu entendu parler du filtre depuis — ce qui me laisse à penser qu’il se trouve vraisemblablement en development hell.

Août (2) : Deux poids, une mesure. Dans un papier paru dans le Monde des livres, Pierre Assouline prend la défense d’un plagiaire notoire, Joseph Macé-Scaron. Il en profite pour dénoncer le rôle de gendarme de Wikipédia — l’article sur Macé-Scaron a très vite rapporté ses faits et méfaits. Une posture plutôt paradoxale, si l’on songe que quelques années plus tôt, il critiquait l’encyclopédie pour sa propension à encourager le plagiat estudiantin…

Septembre : Les Wikipédias sans Comité d'arbitrage : le cas italien. En plein débat sur le fonctionnement du Comité d’arbitrage (qui se poursuit d’ailleurs encore aujourd’hui), je tentais une incursion sur une Wikipédia qui fonctionne sans recourir à ce mode de résolution des conflits. L’intérêt de ce billet, c’est surtout que j’ai commencé à me familiariser à l’organisation de la WIkipédia italienne, juste avant qu’elle ne se retrouve sous les feux de l’actualité…

Octobre : La fin temporaire de la Wikipédia italienne. Pendant plusieurs jours, le blackout de la Wikipédia italienne a largement occupé mon esprit. Cet intérêt s’est prolongé par-delà ce blog. J’ai ainsi rédigé la traduction officielle du manifeste des utilisateurs italiens. Tout récemment je signalais que de nouvelles discussions étaient en cours à propos d’un nouveau blackout — la situation s’étant temporairement éclaircie, ça n’a finalement rien donné.

Décembre : La Wikipédia anglophone en grève La série des blackouts se poursuit et touche désormais la Wikipédia anglophone. A ce stade la grève n’était pas encore acté, mais si le processus d’acceptation était en bonne voie. Pour la suite de l’histoire, on peut se référer à un autre billet, publié sur Rue89.

Janvier (1) : Le tournant. J’aime bien ce billet, paru en début d’année, qui vise à dresser une sorte bilan prospectif de l’encyclopédie. Le point essentiel qui en ressort, c’est la nécessité d’améliorer l’accessibilité de l’interface encyclopédique et d’encourager les contributions ponctuelles. On devrait ainsi passer d’une relation contributeur / lecteur à une relation contributeur actif / contributeur potentiel.

Janvier (2) : Wikibétisation partielle. Dans la lignée du billet précédent, je préconisais de dégager une sorte de digest (c’est-à-dire les règles et modèles essentiels à connaître pour pouvoir commencer à contribuer sans se faire jeter). Le gros travail mené par le projet Accueil des nouveaux a permis d’avancer considérablement sur ce terrain.

Février : Universitaires sans critères. Je proposais ici de créer un namespace Auteur:, destiné à accueillir des informations fondamentales sur les universitaires et chercheurs, qui ne seraient pas admissibles sur l’espace encyclopédique. Les sources produites par ces derniers sont en effet préférentiellement utilisées pour référencer le contenu encyclopédique. De cette petite réflexion, j’ai tiré une proposition plus large… qui n’a finalement pas donné grand chose. La mise en place de Wikidata condamne pour l’heure cette initiative à un certain development hell.

Mars : Esprit critique. Il s’agit d’une réaction à l’expérience menée par le professeur Loys Bonot, qui a intentionnellement vandalisé une page wikipédia pour tromper ses élèves. Je me suis aperçu entre-temps que celiui-ci m’a répondu sur son blog. Enfin, répondre est un bien grand mot. Disons plutôt qu’il a « corrigé ma copie » en soulignant dûment en rouge les passages jugés hors sujet ou irrecevable. Si c’est ça l’esprit critique qu’il promeut, je ne suis pas certain que ça soit indispensable…

Juin (1) : Autocitation. La problématique de l’autocitation (le fait de citer ses propres travaux universitaires dans le cadre d’un article de wikipédia) paraît assez limitée aujourd’hui. Elle risque peut-être de prendre de l’ampleur par la suite en raison de l’intrication croissante entre l’encyclopédie et le monde universitaire. On va peut-être voir émerger une classe de super-contributeur, capable d’agir non seulement de reporter, mais aussi de créer, indirectement, le contenu encyclopédique…

Juin (2) : Où en est Wikidata ? Je clos donc la série sur Wikidata. Je m’intéresse ici aux procédés élémentaires de la grammaire wikidatienne et à ses potentialités en terme de rédaction encyclopédique. C’est ainsi que l’on s’achemine doucement sur le territoire de la science fiction. Ce qui confère d’ailleurs à mon wiki-roman-feuilleton de l’été dernier une certaine portée prédictive. Je prévoyais ni plus ni moins que l'essentiel des contributions seraient le fait de super-bots :
Les bots représentaient désormais près de 99,5% des contributions. Mis au point en 2036, le programme SC, ou synthèse-conversant remplaçait adéquatement la plupart des interventions humaines. Les bots pouvaient synthétiser n’importe quel texte de référence. Ils étaient capables de justifier leur modifications et d’en discuter avec n’importe quel intervenant humain.

jeudi 20 octobre 2011

Wikipédia, c'est formidable

Le blogger est comme tout-le-monde. Il parle plus facilement (et plus longuement) de ce qui ne va pas que de ce qui va. A sa décharge, le lectorat pense souvent comme lui. J'ai reçu dix à vingt fois plus de visites sur mes compte-rendus des mésaventures de la wikipédia italienne ou d'une application polémique de la Wikimedia Foundation que sur le récit de la réhabilitation d'un portail.

Quelqu'un qui traînerait sur mon blog, aurait peut-être l'impression que, décidément, rien ne va sur Wikipédia. Pour m'amender, je vais procéder comme mon collègue LittleTony et évoquer une bonne nouvelle. Elle tient en une illustration :


Le « Euphante » dont il est question constitue le sujet de mon dernier (court) BA. Il s'agit d'un philosophe, rhéteur et tragique grec du IVe siècle dont nous ne savons presque rien. Le hasard de la transmission n'a pas favorisé son œuvre : aucun de ses écrits n'a été conservé ; en fait les seuls témoignages existants tiennent en six pauvres petites mentions.

Autant dire que presque personne ne connaît Euphante — tout au plus une cinquantaine d'hellénistes professionnels et amateurs dans le monde entier. Peut-être devrais-je conjuguer ce « connaît » à l'imparfait.

Le 11 octobre, l'article passe comme tout BA sur la page d'accueil. Les consultations sont multipliées par 50. Si l'on tient compte de tous ceux qui ont survolé le petit extrait disposé en page d'accueil, on peut légitimement supposé que plusieurs milliers d'internautes ont eu le nom d'Euphante en tête au cours de cette journée.

Plusieurs milliers de lecteurs. Depuis sa disparition, il y a 2300 ans, Euphante n'a jamais eu une telle audience. Il aurait dû rester coincé dans les rangements des bibliothèques universitaires. Et le voilà qui devient familier d'une fraction du public généraliste.

Wikipédia, c'est formidable.

jeudi 13 octobre 2011

Déclinaison…

Wikipédia et ses projets-frères de la fondation wikimédia composent un vaste sujet. Trop vaste, sans doute, pour un seul blog. C'est la raison pour laquelle j'ai commencé, depuis une semaine, à décliner ma présence périphérique. On se retrouve maintenant avec trois infrastructures distinctes :

1. Wikitrekk, soit un blog wikimédien à destination des wikimédiens francophones, comme il en existe déjà une cinquantaine d'autres.

2. International Wikitrekk, un blog wikimédien in english. Recensé depuis peu sur le Planet anglophone, il tente de jouer un petit rôle d'ambassadeur et de médiateur entre les diverses communautés linguistiques. A ce jour, il recueille notamment mes diverses analyses et prises de position autour de l'Image Filter, ainsi qu'une traduction de mon rapport sur le blackout de la Wikipédia italienne.

3. Hotel Wikipedia, un blog de Rue89 qui vient d'ouvrir hier soir (je remercie au passage la rédaction pour avoir placé mon premier billet en une du site : il a attiré en quelques heures autant de visites que Wikitrekk au cours de ses deux premiers mois d'existence). L'exercice ici est finalement assez comparable à International Wikitrekk : il s'agit de traduire, non plus d'une communauté vers l'autre, mais de l'intérieur vers l'extérieur. J'ai tenté de me déprendre du lexique wikipédio-wikipédien (ce qui n'est pas si évident), pour aborder l'objet wikipédia en termes généralistes. Ceux qui suivent déjà Wikitrekk n'y apprendront pas beaucoup de faits nouveaux. Plus que le texte, ce qui importe, c'est le contexte : par exemple, j'ai resitué l'Image Filter comme une réponse de la Wikimedia Foundation aux des diverses entreprises de moralisation d'Internet.

Et à titre de bonus, mentionnons également une sorte de plate-forme bis, Exfictions. Elle héberge mon wiki-roman-feuilleton, création numérico-littéraire in progress qui en est à son 19e épisode (d'ailleurs, elle aurait bien besoin d'être un peu réactualisée).

jeudi 4 août 2011

Pause…

Weneldur (alias Ælfgar, alias Meneldur) m'avait prévenu : il vaut mieux se tenir à l'écart de la wikipolitique, de ce jeu incessant de légitimités branlantes, de conflits recommencés, de cartes sans cesse rebattues. Je ne ressortirais pas à l'appui l'argument un peu galvaudé qui veut que Wikipédia n'est pas un projet politique mais encyclopédique. Plus le temps passe, plus je me demande si ce cher Max Weber ne s'est pas trompé en distinguant radicalement l'éthique du savant de l'éthique du politique. Le savoir est un pouvoir — cf. cette spirale infernale de l'évaluation performatrice qu'animent ad absurdum les agences de notation. L'organisation du savoir est une forme politique. A la différence de machins comme Facebook ou Google, Wikipédia s'auto-gère de A à Z. Ses quelques salariés n'ont aucune compétence éditoriale particulière. Tout repose sur une stratification empirique que je qualifierais assez volontiers de « démocratie délibérative ». A la différence de ce qu'on peut voir dans nos États dits développés, les wikipédiens ne sont pas invités périodiquement à répondre par oui ou par non ou à choisir tel gusse ou tel gusse mais à argumenter et ré-argumenter sans cesse. Contrairement à ce qu'on peut croire, les pages de discussions sont souvent bien plus cruciales que les pages de vote : là se décident les dispositions, là émergent les arguments aptes à altérer le cours d'un scrutin.

Bref, la wikipolitique a droit de cité sur un blog consacré à Wikipédia. Et c'est tant mieux, car cela stimule vigoureusement la fréquentation. A titre de comparaison, mon Voyage dans le temps a attiré près de cinq fois moins de visiteurs que ma fiction sur le Comité d'arbitrage. Pourtant, je ne suis pas sûr de m'y remettre si tôt. Comme n'importe quelle activité un peu théâtrale, la wikipolitique fatigue. Le wikipoliticien ou wikipolitologue (car je cumule les deux) doit se justifier et se représenter en permanence. C'est un peu compliqué…

Or, je viens de me souvenir que je suis en vacances — jusqu'à nouvel ordre. En dépit de ses aspects de monde parallèle, Wikipédia ressemble trop à la réalité quotidienne pour faire vraiment office de loisir. Je compte donc prendre un peu de champ — ma consultation attendra d'autant ce qui, vu la décrue des contributeurs en cette période estivale, n'est pas forcément une mauvaise chose.

Pour autant, ce blog ne va pas rester inactif.

Mon billet sur le CAr ne vient pas seulement clore, pour un temps, une première série de billets consacrée à la wikipolitique. Il m'a également donné le goût de la fiction. Je réfléchis assez sérieusement à la mise au point d'une entreprise éditoriale un peu expérimentale : un roman-feuilleton autour de Wikipédia. Je ne sais pas encore très bien la forme que cela prendra, mais je suis déjà fixé sur un point : il s'agira d'un récit d'ancitipation (de fait aucun risque que je n'utilise ou fictionnalise des pseudos existants — à moins qu'ils n'y tiennent eux-mêmes). Le premier épisode paraîtra ici-même, mais la suite migrera vraisemblablement sur un autre blog — déjà ce sera plus lisible et puis Wikitrekk risque de trop s'éloigner de ses engagements initiaux.

dimanche 10 juillet 2011

Un petit mot pour commencer…


Pourquoi est-ce que je m'amuse à lancer un blog à propos de Wikipédia ? Je n'en sais strictement rien. Je n'ai pas vraiment le temps de l'alimenter. J'ai sans doute des milliers de trucs plus utiles à faire (une thèse, entre autres…). Pourtant, sans que je parvienne à l'expliciter, ça me paraît actuellement l'initiative la plus naturelle du monde. Je dois sans doute avoir atteint le point de non-retour d'un cercle diablement vicieux…

Je suis sur Wikipédia depuis bientôt cinq ans. Très insidieusement, l'encyclopédie en ligne m'a amené à m'impliquer sans cesse plus avant. Je devais initialement être l'auteur d'un seul article (Franz Liszt). De fil en aiguille, j'ai commencé à contribuer dans tous les sens, à déposer mes avis et mes opinions sur tout un tas de machins folklo (PàS, bistro, PDD…). Et voilà qu'en mars dernier je suis élu membre du Comité d'arbitrage, sorte de haute cour de justice de la Wikipédia francophone.

Ça y est. C'est foutu. Je ne pourrais plus imaginer un monde sans Wikipédia. Il ne me reste plus qu'à rendre compte du monde avec Wikipédia. Cet avec sera l'objet de ce blog.