Weneldur (alias Ælfgar, alias Meneldur) m'avait prévenu : il vaut mieux se tenir à l'écart de la wikipolitique, de ce jeu incessant de légitimités branlantes, de conflits recommencés, de cartes sans cesse rebattues. Je ne ressortirais pas à l'appui l'argument un peu galvaudé qui veut que Wikipédia n'est pas un projet politique mais encyclopédique. Plus le temps passe, plus je me demande si ce cher Max Weber ne s'est pas trompé en distinguant radicalement l'éthique du savant de l'éthique du politique. Le savoir est un pouvoir — cf. cette spirale infernale de l'évaluation performatrice qu'animent ad absurdum les agences de notation. L'organisation du savoir est une forme politique. A la différence de machins comme Facebook ou Google, Wikipédia s'auto-gère de A à Z. Ses quelques salariés n'ont aucune compétence éditoriale particulière. Tout repose sur une stratification empirique que je qualifierais assez volontiers de « démocratie délibérative ». A la différence de ce qu'on peut voir dans nos États dits développés, les wikipédiens ne sont pas invités périodiquement à répondre par oui ou par non ou à choisir tel gusse ou tel gusse mais à argumenter et ré-argumenter sans cesse. Contrairement à ce qu'on peut croire, les pages de discussions sont souvent bien plus cruciales que les pages de vote : là se décident les dispositions, là émergent les arguments aptes à altérer le cours d'un scrutin.
Bref, la wikipolitique a droit de cité sur un blog consacré à Wikipédia. Et c'est tant mieux, car cela stimule vigoureusement la fréquentation. A titre de comparaison, mon Voyage dans le temps a attiré près de cinq fois moins de visiteurs que ma fiction sur le Comité d'arbitrage. Pourtant, je ne suis pas sûr de m'y remettre si tôt. Comme n'importe quelle activité un peu théâtrale, la wikipolitique fatigue. Le wikipoliticien ou wikipolitologue (car je cumule les deux) doit se justifier et se représenter en permanence. C'est un peu compliqué…
Or, je viens de me souvenir que je suis en vacances — jusqu'à nouvel ordre. En dépit de ses aspects de monde parallèle, Wikipédia ressemble trop à la réalité quotidienne pour faire vraiment office de loisir. Je compte donc prendre un peu de champ — ma consultation attendra d'autant ce qui, vu la décrue des contributeurs en cette période estivale, n'est pas forcément une mauvaise chose.
Pour autant, ce blog ne va pas rester inactif.
Mon billet sur le CAr ne vient pas seulement clore, pour un temps, une première série de billets consacrée à la wikipolitique. Il m'a également donné le goût de la fiction. Je réfléchis assez sérieusement à la mise au point d'une entreprise éditoriale un peu expérimentale : un roman-feuilleton autour de Wikipédia. Je ne sais pas encore très bien la forme que cela prendra, mais je suis déjà fixé sur un point : il s'agira d'un récit d'ancitipation (de fait aucun risque que je n'utilise ou fictionnalise des pseudos existants — à moins qu'ils n'y tiennent eux-mêmes). Le premier épisode paraîtra ici-même, mais la suite migrera vraisemblablement sur un autre blog — déjà ce sera plus lisible et puis Wikitrekk risque de trop s'éloigner de ses engagements initiaux.
2 commentaires:
Ouh, alors ça c'est une bonne idée, le wiki-roman.
Pour ce qui est du nombre de visites une fois que tu seras sur Planet tu verras que les chiffres vont devenir relativement stables: ma plus grosse fréquentation reste quand je suis allé faire le touriste en Égypte, donc rassure-toi, il n'y a pas que la wikipolitique dans la vie.
C'est parti pour le wiki-roman… J'ai plus qu'à me perfectionner dans la technique du à suivre pour mettre un max de lecteurs en suivi.
Pour Planet, je prends mon mal en patience en attendant le retour d'iAlex (j'suis pas le seul à plaindre — LittleTony est logé à la même enseigne).
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