On a beaucoup parlé au cours de ces dernières années de la « starification » ou « starisation » de la vie politique. L'iconisation de certaines figures, la scénarisation des parcours par le truchement de Storytellers, la mise en scène de la vie privée à des fins tactiques : toute sorte de choses qui contribuent à faire de la chose publique un succédané de mauvais cinéma.
Est-ce un reflux définitif ou un réaction ponctuelle ? Toujours est-il que ce procès paraît s'enrayer. Les stories ne font plus recettes. Emportée par l'onde de choc de la crise, la pipolitique apparaît pour ce qu'elle est : du pipeau. Les représentations individuelles s'effacent derrière les négociations collectives. Les récentes élections sénatoriales ne consacrent pas la victoire d'un homme mais celle d'une tendance structurelle : pour des raisons qui tiennent plus de la sociologie que de l'idéologie les zones rurales surreprésentés dans les collèges électoraux passent lentement à gauche. L'avènement d'une cohabitation entre la chambre basse et la chambre haute réhabilite le travail législatif : le parlement ne sera en rien un simple enregistreur. Il aura son mot à dire sur les orientations gouvernementales. Il imposera un rythme décisionnel, distinct de celui de l'exécutif.
Les nouveaux médias ont dans une certaine mesure anticipé ce retournement de paradigme. Des infrastructures numériques comme Twitter se sont avérées particulièrement adapté pour relayer les réalisations quotidiennes de la vie politique. Des comptes comme Authueil, Élu local et ZeFML ou des hashtags comme QAG (Questions Au Gouvernement) comblent amplement l'espace laissé libre par les médias généralistes.
J'en viens un peu à me demander si mon dernier portail ne participe pas de cette tendance. Il y a un peu plus de deux mois, je retravaillais de fond en comble le portail politique. Ce faisant, je m'apercevais qu'il était complètement « engorgé » : il comprend près de 41 000 articles, dont 11 000 fiches biographiques.
Il importait de décentraliser tout ça. D'où la création aujourd'hui même d'un portail Politique française qui vise, comme son nom l'indique, à regrouper l'ensemble des articles politiques ayant trait à la France.
Comme je le signale sur le projet politique, ce portail répond à un double impératif. Tout d'abord un impératif d'actualité : si les divers portails historiques permettent de se faire une bonne idée de la vie politique à des époques plus ou moins reculées, il n'existe à peu près rien sur la vie politique contemporaine. C'est paradoxal dans la mesure où son caractère présent immédiat intéresse tout particulièrement le lecteur français lambda. Ensuite un impératif d'objectivité : j'ai volontairement mis l'accent sur les détenteurs du pouvoir réel. Concrètement, les ministres sont listés dans la même box que les dirigeants des commissions parlementaires. Ou encore, dans le cas du Parti socialiste, des personnalités sans fonctions précises comme Ségolène Royal ou Laurent Fabius se retrouvent derrière des praticiens de la politique, plus discrets mais, dans les faits, plus influents. C'est ainsi qu'ont voit émerger toute une série d'acteurs peu voire pas du tout médiatisés, qui sont parfois absents de Wikipédia (un volontaire pour recréer Marc Fesneau, l'invisible secrétaire général du MODEM ?)
Autant dire tout de suite que ce portail n'est pas parfait. Certaines sections restent à faire (notamment le machin curieux qui s'appelle Événement où j'ai mis un peu tout ce qui sort de l'exercice ordinaire de la politique). Il y a encore un gros travail d'implantation de modèle dans les articles et catégories concernés — pour l'heure le portail n'est encore lié à… aucun article. J'ai encore du pain sur la planche pendant le restant de la semaine.
Si je me projette un peu à terme, je me dis que ce ne serais pas mal d'avoir l'équivalent pour d'autres grands pays : Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis, Brésil, Chine… Il y a dans l'ensemble un vaste manque à combler sur la politique-quotidienne — carence qui bénéficie à la politique-spectacle. C'est typiquement le rôle d'une encyclopédie que d'y remédier.
2 commentaires:
C'est pas Marc Freneau ou je ne sais plus comment tu l'as appelé, c'est Marc Fesneau, et l'article correspondant a été supprimé ; peut-être devrait-il être restauré...
Corrigé (en fait l'erreur vient directement du portail). Effectivement à l'époque de la PàS, il n'était pas encore secrétaire général du MODEM (seulement maire je crois). La restauration me paraît envisageable. Je vais y jeter un coup d'œil demain
(Y a pas à dire c'est pratique d'entretenir un blog sur ce qu'on fait : je n'aurais jamais pensé à tout ça).
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