lundi 15 août 2011

wiki-roman-feuilleton (10/60)

Ramaad avait omis un détail essentiel. Il n'y a qu'une sortie à la station Filles du Calvaire côté Balard. Et cette sortie est située à l'arrière du train. Il ne pouvait pas quitter le métro sans qu'Elikia s'en aperçoive. Il lui faudrait jouer serré : attendre qu'il passe avant de sauter de wagon. En espérant que le train ne parte pas trop tôt.

« Fi-Fille du Calvaire »

Comme par un fait exprès, l'annonce vocale bégayait. Cette ligne est vraiment ridicule, pensait-il. Je ne comprends pas pourquoi on s'acharne à la laisser croupir. Tout ça pour plaire aux troupeaux de touristes chinois ou indonésiens. Comme ce couple-là, juste à côté de moi. Probablement originaire de Jakarta. Ils ont pas honte de s'afficher comme ça avec leur graisse, leurs fringues grand siècle et leurs toureiffels en peluche dans le métro parisien.

Ramaad ravala ses sarcasmes. Elikia s'était levé. Il n'était plus temps de monologuer. Il écarta vivement le couple et, se frayant un chemin entre les sièges, les bagages et les voyageurs il ouvrit la première porte du wagon. Il se carra sur le côté et observa le défilé des voyageurs.

Il n'y avait pas grand monde : deux couples, cinq individus seuls tous sexes confondus. Et ce fut tout. Pas d'Elikia. Le métro sonnait. Ramaad ne pouvait pas se permettre d'abandonner la filature. Quitte à prendre le risque de se découvrir, il fallait aller jusqu'au bout. Il se glissa entre les deux portes bientôt closes. Il se retrouva sur le quai. Seul.


Elikia était parti sans que l'on sache par où. Ramaad avait raté son coup. Il avait peut-être réussi beaucoup mieux. Ce type devait être un peu weird pour prendre la peine de disparaître. Il l'avait perdu de vue mais il le reverrait demain. On voyait se dessiner l'ébauche d'une piste. Guido serait content.

A tout hasard, il longea le quai côté départ.

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