Ramaad avait l'impression de connaître les lieux. Il n'était jamais descendu à cette station — enfin, du moins, il le croyait. En dehors de son RER H quotidien, il prenait rarement les transports quotidiens. Paris n'était pas si grand (surtout depuis le détachement de zones sinistrées comme le Lieu-dit de Monceau). Un bon marcheur pouvait se rendre n'importe où en un peu moins d'une heure. Il n'avait aucune raison d'emprunter cette satanée ligne 8 plutôt que la surface. A fortiori dans un quartier aussi chic que le Marais, où il faisait bon traîner.
Pourtant, cette expression, « Station Filles du calvaire », lui disait quelque chose. Il l'avait beaucoup entendue à une époque. Les gens en parlaient. Les informations y revenaient sans cesse. Avec des images… Comment étaient-elles ces images ? Un peu comme des sous-sols miniers peut-être.
En croisant les réminiscences, il parvint à identifier l'événement. Cela devait se passer en 2017 ou 2018. Le plafond d'une station était tombé. Beaucoup de victimes. Il creusa plus amont dans sa mémoire et en sortit une image :
Il avait moins de cinq ans lors de la publication de cet article. Il n'aurait pu le mémoriser. Heureusement, son père, un maniaque de l'info, imprimait tout ce qui pouvait passer d'intéressant. Puis il laissait traîner ces imprimés un peu partout. Ramaad avait pu visualiser souvent cette une de Rue89 au cours de son enfance.
Il s'assit sur un banc et réfléchit. Deux métros passèrent. Juste après le passage du deuxième, tout s'éclaira. Il marcha jusqu'à la tête de station. Le quai ne s'arrêtait pas là. Un léger rebord permettait de poursuivre plus loin. Il posa un pied, puis l'autre. Il glissa doucement vers l'inconnu.
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